Deepawali : Fete des lumieres

8 Novembre 2010

Rappelle-toi bien : tu n’as pas le temps de perdre ton temps. La vie est trop courte pour la vivre à moitié. Il faut vivre pleinement les heures de ton existence. Toutes ne seront pas intenses, bien sûr, car la vie est pleine de contraste. Mais il faut que tu n’en renies aucune.

Deepawali Day

5 novembre 2010

Le réveil a sonné à 2h45 du matin. Je saute dans mes vêtements, embrasse mon amoureux qui doit me retrouver dans quelques heures et avale un chaï (the indien). Il pleut et je me dis que je ne le ferai pas. J’arrive dans l’allée centrale du centre. Le bus est là. Je vois de petites ombres monter tant bien que mal et s’installer. Il fait nuit noire, la pluie est dense mais chaude. On prend la route. Je suis avec les petits garçons et les petites filles du « home children » (ils sont internes dans le centre). Ils sont, comme à l’accoutumé installé par 3 voire 4 par banquette. Ils prient à l’unisson un chant que j’ai déjà entendu, ils prient Krishna. Je devine leur visage dans le bus, ils me sourient. Ils se sont tous huilés les cheveux avec de l’huile de coco, l’odeur envahit le bus et inonde l’atmosphère. C’est Deepawali day et la coutume veut que chacun prenne un bain après s’être huilé tout entier et porte des vêtements neuf. La symbolique de ce jour de fête veut que l’on passe de l’obscurité à la lumière et de l’ignorance à la connaissance. Après quelques kilomètres les petits anges s’endorment, la nuit a été très courte et le rythme de vie au centre ne les ménage pas. Malgré la conduite sportive de notre chauffeur de bus ils se sont calés les uns contre les autres afin de voler quelques heures de sommeil. Le voyage en bus est comme d’habitude : vitesse à son maximum, optimisation du klaxonne, virages et obstacles non anticipés. Après 20 mns entre la vie et la mort avec un chauffeur indien que j’apparenterai plus à un chauffeur suicidaire, nous arrivons enfin aux chutes de Courtallam.

Les enfants les plus autonomes sortent du bus et avec les « house mothers »(les femmes qui s'occupent des enfants) nous aidons les autres en les installant sur leur chaise roulante ou en les portants. Après plusieurs aller- retour tous les enfants sont aux pieds des chutes. Certains commencent à se déshabiller comme ils peuvent tandis que les autres sont déjà sous les chutes d’eau et crient d’exaltation. Il ne fait pas froid et malgré la pluie il fait même doux. Ca y est certains des plus petits sont dans l’eau. Les « home Mother » ont déjà commencé à les frictionner. J’accompagne un des petits garçons. Il a du mal à tenir debout et son handicap lui donne une démarche saccadée mais ce matin il a envie de courir, alors on court dans les quelques centimètres d’eau avant d’atteindre les chutes. Il sourit, il rit, il est heureux. Une des « home mother » prend le relais et je remonte pour aller aider un autre enfant à descendre. Même moment fort, les quelques mètres qui les séparent de l’eau sont parcourus dans une exaltation et une envie palpable, les enfants crient de joie. J’ai les pieds dans l’eau et mes allers-retours ont mouillé mes vêtements. Ici on se baigne habillé, surtout pour les femmes et les filles, les hommes et les petits garçons sont torses nus. Banoo m’appelle : « Karine Madam ! », elle est sous la cascade et me tend la main. Elle sourit et m’invite à partager ce moment avec elle. Je suis à quelques mètres d’elle. Orou et Pooma la rejoignent et m’appelle à leur tour. J’attrape leurs mains, elles se dégagent de la cascade afin que j’ai une bonne place pour bénéficier de cette eau qui transporte avec elle tous les bienfaits des plantes qu’elle caresse sur son passage avant de nous enrober. L’eau est bonne et je crie de bonheur en sentant la pression sur ma tête. Les filles me regardent et me rejoignent. Ca y est je suis trempée, je suis trempée et heureuse. Il fait toujours nuit noire, les néons qui signalent la cascade donnent une atmosphère particulière. Les cris des enfants, le grondement continu des chutes, les odeurs, l’intensité du moment, cet instant partagé m’envahissent. Je me répète à chaque instant : «souviens-toi de ce moment, vis le pleinement, prend, prend, prend tout ! » Je vais savonner les autres enfants et chacun leur tour ils sont placés sous la cascade. Certains apprécient plus que d’autres. Ils ont envie d’aller à leur rythme et la douceur indienne des « Home mothers » n’est pas très appropriée… mais elles sont là et avec eux à cet instant. Après la douche, chaque enfant est séché et rhabillé. Les « Home mothers » les réunissent en haut des escaliers qui dominent la cascade, près d’un petit temple gardé par un éléphant en pierre. Sous cette lumière au néon, leurs vêtements colorés illuminent les lieux. Ils ont le sourire, ils posent pour les photos, me demandent si j’ai aimé la douche et me souhaite un Happy Deepawali.

Maintenant que tous les enfants sont prêts c’est au tour des « home mothers » de prendre leur douche, toutes habillées. Elles se savonnent et se lavent les cheveux. Puis lavent la choodida ou le saree avec lequel elles étaient habillées. Ensuite commence un exercice de contorsion qu’elles maitrisent à la perfection. Dans ce pays le corps de la femme doit être caché, alors dans un lieu public un corps sous des vêtements mouillés on frôle l’exhibition. Les femmes dans un tour de passe-passe digne d’un transformiste en pleine prestation dans un cabaret bondé se changent et enfilent leur saree. Elles s’enroulent dans 5 mètres de tissus sans qu’un seul centimètre ne frôle le sol.

Le jour n’est pas encore levé. Le bus arrive et c’est au tour des plus grands de se baigner pour célébrer Deepawali. Les garçons et les filles vont maintenant se baigner à leur tour et chacun de leur côté de la cascade. De retour au centre chacun portera ses vêtements neufs.

Apres la douche

Tout le monde a pris une douche a la belle etoile. De retour au centre nous avons du porter des vetements neufs comme le veut la tradition. Tenue chemise Dothi pour les garcons et pour moi, saree.

William et Pooma

Arno, president de l'association "Toucouleurs" qui est venu nous retrouver pour des Ateliers peinture avec les enfants du centre.

C'est encore Jaya qui m'a aide pour "enfiler" mon saree

Puis le soir c'est "patas" (petards en tamoul, vous laisse imaginer les jeux de mots...) et feux d'artifice local et comment dire...manuel, jets d'objets enflammes, lances par des enfants et de jeunes adultes handicapes...qui se deplacent en fauteuils roulants ou en bequilles... Petards et fusees qui "explosent" dans tous les sens...Tres beau mais super dangereux! mais tres beau...Souper nalla irrkey!!! (super vachement bien en tamoul).

Photos des chutes de Courtallam et du feux d'artifice "manuel" plus tard.

Bisous